Trans*: mieux cibler la prévention et la lutte contre le sida [European AIDS Conference 2013]

Les besoins spécifiques des populations trans* sont mal pris en compte en Europe dans la prévention VIH/sida et dans la lutte contre les stigmatisations. Voici les conclusions d’une étude présentée le 17 octobre 2013 à l’European AIDS Conference 2013 à Bruxelles.

Ndrl : Le passage sur les hommes trans est plus que discutable…

Selon Judit Takacs, chercheuse en sociologie à l’Académie hongroise des Sciences, « la situation des trans* est peu connue, notamment en Europe de l’Est où les discriminations envers les LGBTIQ sont encore très fortes ». Cette méconnaissance et ce désintérêt vont de pair avec l’absence de statistiques fiables, nécessaires en vue d’instaurer une politique active de santé à l’égard de ces communautés.

La chercheuse hongroise différencie les besoins spécifiques des populations trans*.

Les femmes trans* (M to F) regroupent un ensemble de personnes aux réalités très différentes. Ce groupe est particulièrement touché par le VIH et a une connaissance limitée de son statut sérologique: selon les études, on évalue la prévalence à 28% aux États-Unis, alors que seulement 12% de ces femmes connaissent leur séropositivité. La majorité des femmes trans* n’a pas effectué de chirurgie de réattribution sexuelle. Pour autant, cette population ne se considère ni gay ni HSH (homme ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes). Les discriminations et la mise au banc de la société amènent un risque accru de précarité et donc de conséquences néfastes sur la santé globale.

Les hommes trans* (F to M) sont une communauté peu homogène: une multitudes de physiques existent selon le niveau de testostérone administré et le type de chirurgie de confirmation de genre. Les hommes trans* n’ont pas de relations sexuelles avec des femmes trans* mais principalement avec des hommes (et plus rarement avec d’autres hommes trans* ). Le « choix » de ces partenaires sexuels masculins est lié à un besoin de validation de sa nouvelle identité sexuelle (sexe avec une autre homme) et à l’utilisation d’hormones qui favorise une vie sexuelle accrue. Le traitement provoque une sécheresse qui augmente fortement les risques de transmission du VIH et d’IST lors d’une pénétration vaginale.

En résumé, l’expérience de vie des trans* crée un contexte unique: la forte stigmatisation sociale, les difficultés financières, la prise d’hormones et une « nouvelle puberté » notamment. Ces éléments spécifiques sont actuellement peu pris en compte dans la prévention globale et dans celle ciblée aux communautés LGBT.

La chercheuse hongroise propose des pistes de réflexion pour le futur: la prise en compte de la population trans* dans le domaine de la santé globale, la capacitation (empowerment) des trans* et une meilleure formation des professionnels de la santé à ces enjeux.

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